Jean-Louis Pinte, Figaroscope

Un corps tout en mouvements, longiligne. Un visage mince et oblong, Impassible. Et un regard généreux dans lequel se cache la mélancolie du rêveur. Martin Bruneau est de ces artistes qui provoque des regrets lorsqu'on ne les connaît pas. Canadien, il porte en lui l'élégance d'un langage où la peinture est un acte d'amour. Tendre et vibrant à la fois. Sans vagues théories. Sans vanité. Ses tableaux reflètent une préciosité baroque, miroir d'un XVII siècle resurgi de la mémoire et l'éclat perdu d'un bonheur sourd au désespoir.

De la " Ronde de nuit " aux " Totems " jusqu'à ces " Etats d'urgence " exposés aujourd'hui, Martin Bruneau montre dans l'ambiguïté la plus troublante ce que l'homme recèle de secrets, d'amours inédits, d'espoirs engloutis. " Cette ambiguïté, dit-il, est l'expression même de la violence et de l'angoisse que je ressens face au monde. Du rejet de la société actuelle. Les personnages que je peins sont les acteurs d'une danse macabre qui se déroule dans un univers en folie. "

Danse dont chaque tableau décrit en transparence une histoire qui met les sentiments à nu. Ironie. Impudence. Bal masqué où les invités retiennent dans une dernière valse quelques notes d'une vie dispersée dans un chaos sanglant. Pour évacuer l'angoisse, il joue sur l'équilibre entre la tonalité et la forme. " L'aspect expressionniste est tempéré par des couleurs déplacées. Ce qui donne toute sa vitalité à la composition. On peut alors y voir la présence incantatoire de la vie et de la mort."